#2 - NextEdu Insights - Ruée vers les Bachelors et GSV 150 2025

Le recap' Education, Business & Finance de Noël 2024 en 5 minutes !

Bienvenue aux nouveaux abonnés NextEdu Insights pour ce deuxième numéro. Avant de rentrer dans le vif du sujet et alors que les fêtes de fin d’année approchent, laissez-vous transporter dans quelques vers baudelairiens le temps d’un instant…

Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;

Et quand viendra l’hiver aux neiges monotones,

Je fermerai partout portières et volets

Pour bâtir dans la nuit mes féériques palais.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal, “Paysage”

À l’affiche dans ce recap’ 🔍​

📈​ Décryptage : les Bachelors, un jeu à double tranchant ?

🏆​ Insights : la publication du GSV 150 2025 !

💰​ Les levées de fonds marquantes sur le marché.

🤝​ M&A : les récents mouvements sur le marché.

📰​ Zoom sur l’actu : l’essentiel à retenir.

​​​📈​ Décryptage : les Bachelors, un jeu à double tranchant pour les Grandes Ecoles de commerce ?

Pour septembre 2024, HEC annonçait le lancement de son premier programme Bachelor, en partenariat avec la Bocconi. L’école jovacienne constituait l’ultime bastion de résistance face au tsunami des Bachelors chez les Grandes Ecoles de commerce françaises.

Derrière ce symbole se cachent de réels enjeux économiques : les Bachelors bouleversent les structures de revenus des écoles, et se positionnent en véritables moteurs de croissance et de financement pour les établissements dans un contexte de marché de plus en plus concurrentiel. Mais derrière ces bienfaits, gare à un possible risque de marque ?

Les Bachelors : une manne bienvenue pour les écoles

Que l’on ne s’y trompe pas : sur le plan du prestige académique les Masters in Management (MiM) sont toujours les rois. En revanche en termes de volumes de demande, les Bachelors bouleversent l’ordre établi :

Nous avions récemment montré sur NextEdu Europe que parmi les requêtes Google en France ciblant les programmes des Grandes Ecoles de commerce post-prépa, plus de 30% concernaient les Bachelors. Et pour le plus grand bonheur des écoles dans leurs courses à la diversification des diplômes et à l’internationalisation. Quelques éléments chiffrés confirment l’importance de la vague Bachelor :

Extrait des comptes 2023 d’ESCP Business School

En 2023, les Bachelors représentaient environ 30% du chiffre d’affaires de l’ESCP. Du côté de HEC, seulement quatre mois après le lancement de la première promotion les requêtes Google liées au Bachelor représentent 1/3 des requêtes liées au Master in Management de l’école (1 200 requêtes moyennes mensuelles sur Google ciblant le programme Bachelor, contre 3 200 ciblant le MiM en moyenne ces 12 derniers mois au 22 décembre). L’ESSEC accentue également sa croissance sur le segment.

Bientôt près de 100 000 euros pour un Bachelor ?

Comme nous l’avions fait avec NextEdu Europe pour les Masters en Finance, nous avons établi un baromètre 2025 des frais de scolarité des Bachelors.

Quels atouts derrière ces programmes ? Les écoles aux marques les plus puissantes parviennent à capter la majorité des étudiants. Les Bachelors leur permettent de s’affirmer à l’international, tout en affichant des coûts pédagogiques moindres que les MiM (moins de professeurs chercheurs notamment). Certaines écoles n’hésitent pas à pricer leurs Bachelors à des niveaux de prix équivalents voire supérieurs à ceux d’un Master :

Extrait du baromètre Bachelors 2025 de NextEdu Europe (à paraître)

Zoom sur le podium de ce classement des prix :

  1. HEC domine encore un classement, avec un Bachelor à 24 417 euros l’année (vs Programme Grande Ecole à 22 500 euros annuels en 2024).

  2. L’EDHEC suit avec le parcours Global Business de son BBA à 23 050 euros l’année (vs 19 960 euros pour son Programme Grande Ecole en 2025).

  3. L’ESSEC ferme le trio de tête avec son BSc avec Centrale à 20 600 euros l’année (vs 20 950 euros pour son Programme Grande Ecole en 2025).

Avec une moyenne à 12 000 euros l’année, ces frais qui s’étalent du simple au triple et qui pourraient dépasser d’ici 2 ou 3 ans les 100 000 euros au global sur certains programmes reflètent la réalité d’un marché trusté par une poignée d’écoles.

Derrière les Bachelors : quels risques de porosité avec le MiM ?

Certaines écoles jouent (à raison) sur leur puissance de marque (construite sur leur MiM et leurs Masters) pour attirer les étudiants dans leur Bachelor, mais se refusent bien souvent à recruter leurs Bachelors dans leur MiM - signe d’exigences académiques hétérogènes.

Par exemple, l’ESSEC mentionne que 59% des étudiants de son Global BBA (accessible via le concours SESAME) poursuivent en Master, mais ne mentionne pas le MiM de l’école comme suite possible au BBA :

Capture d’écran du site Internet de l’ESSEC - Global BBA

La situation est peu ou proue identique pour HEC, l’ESCP, l’EDHEC, l’emlyon, etc. En théorie, de véritables murailles de Chine bloquent l’accès au très prestigieux Master in Management. Toutefois, dans les faits la majorité des étudiants en Bachelor poursuivent leur cursus par un Master of Science ou un Master Spécialisé, et peuvent se présenter à terme sur le marché de l’emploi comme “diplômé du Master de l’école XXX”.

Face à pléthore de diplômes diversifiés proposés par les écoles et des employeurs pas toujours au fait des différentes exigences académiques de tel ou tel programme, comment dès lors évaluer le risque d’impact à long terme du développement des Bachelors sur la réputation des MiM historiques et la puissance de marque ?

Difficile par exemple d’identifier ce type de risque potentiel en s’appuyant sur les classements nationaux ou internationaux, dont quasiment aucun au monde ne prend en compte l’avis des employeurs sur les écoles dans leurs palmarès.

🏆​ Insights : GSV publie le GSV 150 2025. Quelle place pour la France et l’Europe ?

Source : visuel GSV N2K EDU du 18 décembre 2024

GSV vient tout juste de publier le 18 décembre son GSV 150 2025 : les 150 entreprises EdTech en croissance les plus prometteuses de l’année. Pour rappel, GSV est l’un des fonds américains spécialisés sur le marché éducatif les plus importants, et ne compte pas moins de 10 licornes en portefeuille (dont Guild, Turnitin ou Handshake).

Les sociétés du palmarès 2025 cumulent 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Les Etats-Unis dominent la cohorte avec près de 60% des sociétés sélectionnées. Quid de l’Europe et de la France ?

🇪🇺​ Quelle place pour les EdTech européennes ?

L’Europe n’est pas en reste et enregistre 22 sociétés cette année au GSV 150. Parmi les pépites EdTech mises à l’honneur, on retrouve :

  • GoStudent : la startup autrichienne de tutorat et de soutien scolaire qui a levé près de 800 millions de dollars depuis 2018 et qui enchainait les acquisitions en 2022 (Seneca Learning, Tus Media, et Studienkries). Une présence assez paradoxale, lorsque l’on sait qu’après le premier trimestre 2024, l’un des plus gros actionnaires Prosus dévaluait GoStudent dans son rapport annuel… de 60% :

​🇫🇷​ Quelle place pour les EdTechs françaises ?

La France est nettement moins présente que l’Allemagne (5 sélections) et le Royaume-Uni (4 sélections), mais compte malgré tout 2 pépites sélectionnées au sein du GSV 150 :

💰​ Les levées de fonds marquantes sur le marché

​💵​ PSG investit 175 millions de dollars dans Element451

Le fonds américain investit dans Element451, une plateforme spécialisée dans l’engagement étudiant et la personnalisation de l’expérience étudiante. Cet investissement devrait permettre d’accentuer l’usage de l’IA pour optimiser le produit.

​💵​ Amazon s’engage à distribuer 100 millions de dollars pour l’éducation

Ce n’est pas à proprement parler une levée de fonds. Amazon s’engage à distribuer sous forme de crédits AWS 100 millions de dollars aux organisations qui luttent en faveur d’un accès pour tous à l’apprentissage digital.

​💶​​ La startup polonaise Coding Giants lève 8,5 millions d’euros

La startup polonaise dédiée à l’apprentissage Tech pour les jeunes souhaite étendre son activité aux Etats-Unis, et lève pour cela 8,5 millions d’euros auprès de True Global Ventures, un an et demi seulement après sa première levée de fonds.

🤝​ M&A : les récents mouvements sur le marché

​​🇫🇷​​ Learn Assembly rejoint Kéa

Arnaud Gangloff et Antoine Amiel (source : Consultor)

Le cabinet de conseil Kéa & Partners enchaîne les acquisitions. Trois mois seulement après l’entrée au capital de Veltys (cabinet de conseil français spécialisé dans la science des données), Kéa annonce racheter Learn Assembly fondé par Antoine Amiel. Learn Assembly compte une vingtaine de salariés pour environ 2 millions d’euros de chiffre d’affaires selon Consultor.

​🇺🇸​​ Perdoceo rachète University of St. Augustine for Health Sciences

La société américaine cotée en Bourse Perdoceo (anciennement Career Education Corporation) met la main sur l’University of St. Augustine for Health Sciences pour près de 150 millions de dollars. L’établissement génèrerait près de 25% de marge d’EBITDA (ajusté), et forme plus de 4 000 étudiants en 2024.

📰​ Zoom sur l’actu : l’essentiel à retenir

💻​ Côté NextEdu Europe

Il y a deux semaines, NextEdu Europe et Empower College annonçaient un partenariat stratégique inédit avec ASTPrep afin de repenser la préparation aux concours AST pour accéder aux Grandes Ecoles de commerce et renforcer notre pôle média (constitué de prepaecg.com, ast.fr, et edtech-capital.com).

Face à une filière inégalitaire où les candidats AST doivent débourser en moyenne 2 000 à 3 000 euros dans des formations privées pour espérer réussir leurs concours, NextEdu Europe, Empower College et ASTPrep mettent en commun leurs ressources afin de proposer des formations et des contenus gratuits et de qualité aux étudiants.

🇫🇷​ Côté France

👉​ Challenges publie son classement 2025 des Grandes Ecoles de commerce post-prépa. Cette année, Challenges améliore sa méthodologie et introduit des scores normalisés dans la notation.

👉​ Julien Jacqmin, Professeur à NEOMA, publie avec Vincent Iehlé (EM Normandie) un papier permettant de plonger au cœur des entrailles du fonctionnement et des enjeux du classement SIGEM.

👉 L’aide à l’embauche d’un apprenti sera-t-elle reconduite, au moins partiellement ? La France dans le flou, à deux pas du mois de janvier 2025.

🌍​ Côté international

👉​ Les prévisions de Moddy’s, S&P Global et Fitch Ratings pour l’enseignement supérieur l’année prochaine : entre menaces financières, prévisions de fusions et défi du recrutement, 2025 annonce des bouleversements de marché.

👉​ L’Inde face au défi colossal de l’éducation : l’enseignement supérieur peut-il être accessible à tous, et répond-il aux attentes du marché de l’emploi ?

👉 Face aux difficultés de recrutement, certaines universités n’hésitent pas à envoyer des offres d’admission… avant même que les étudiants aient envoyé leurs candidatures !

Merci d’avoir lu cette newsletter, joyeuses fêtes et à bientôt !

Hugo & Mehdi